8 mars 2023

Un jour, une femme…

Inutile de te le dire. Tu le sais déjà, nous sommes le 8 mars et c’est la journée internationale des droits de la femme. Officialisée en 1977 par l’Organisation des Nations Unies, la journée pour les droits des femmes cette année a comme thème : « Pour un monde digital inclusif: innovation et technologies pour l’égalité des sexes »

Ce thème interpelle la femme sur sa place à cette ère du numérique (cybercitoyenneté, entrepreneuriat numérique…) afin qu’elle y pose des actions qui vont booster l’évolution de nos sociétés. On parle de monde inclusif, d’innovation, de technologies et d’égalité de sexe, je me pose une seule question: la femme est-elle éduquée pour y faire face ?

De l’education aux médias…

Parler d’égalité des sexes est une question de droits de la personne essentielle à la prospérité, au développement durable, à la justice sociale, à la paix et à la sécurité. Garante de ces idéaux, s’informer et se former sur les stéréotypes feraient avancer l’égalité filles-garcons…

Pour rendre le monde digital inclusif, la femme doit être éduquée à propos de ses droits et devoirs dans le cyber-espace car, elle est régulièrement victime de cyberviolences, de cyberharcèlement… L’EMI (éducation aux médias et à l’information) est là, une solution pour veuiller à la réussite de cet idéal.

C: Pixabay

Je crois fermement qu’une femme éduquée aux médias et à l’information puisse contrecarrer les maux du numérique (discours de haine, cyberharcelement, désinformation…) et lutter pour son autonomisation et son rayonnement en tant que femme de valeur.

C: Pixabay

Contrairement aux médias traditionnels qui offrent un minimum d’informations pour un maximum de temps, les nouvelles technologies (les réseaux sociaux) ont la particularité de nous bombarder du maximum d’informations en un laps de temps. Avec les réseaux sociaux et la multiplication des sources d’information, il est de plus en plus difficile de discerner le vrai du faux. Pour aider les jeunes et les femmes à faire la différence, l’éducation aux médias se développe partout dans le monde. Un enseignement qui doit sans cesse s’adapter aux nouvelles pratiques de la désinformation. Sans éducation aux médias et à l’information pour renseigner et outiller la femme sur certaines réalités du monde virtuel, son épanouissement prend des coups. L’EMI est une nécessité. Surtout que les chiffres sur les réseaux sociaux au Cameroun vont grandissants comme l’indique le spécialiste du numérique Chedjou Kamdem.

C: Chedjou Kamdem

Rendre le monde digital inclusif, c’est aussi donner les mêmes chances à la femme. Et ce dans tous les secteurs existants. Je suis une femme, une mère, une soeur, une tante, une cousine et jusqu’ici il n’y a rien qui me heurte comme entendre un homme dire que la place de la femme se trouve à la cuisine. Ceci me heurte surtout parce que cette phrase vient remettre en cause les avancées des droits des femmes. Et chaque fois que je l’entend, je me demande et si les hommes tombaient enceintes ?

Et si les hommes tombaient enceintes ?

T’es-tu déjà posé.e cette question ? T’es-tu imaginé.e un monde où les hommes seraient ceux qui portent les bébés ? Bizarre serait un dessin pour caractériser cette situation, même fictive. Et pourtant, si les hommes tombaient enceintes ou plutôt enceints, le monde serait bien différent je me dis.

Le mot maternité sera employé pour désigner la capacité de procréer. Les règles ne seraient pas taboues encore moins considérées comme sales ou impures. Ce serait le signe du passage du garçon à l’état d’homme adulte. Une fierté, de pères en fils. A n’en point douter, la précarité menstruelle n’existerait pas ou serait très réduite. Les protections hygiéniques seraient budgétisées par les finances publiques et partagées aux jeunes garçons. Aucune publicité ne masquerait jamais le sang des règles. Bien au contraire, le sang menstruel et ses vertus seraient étudiés, connus et promus. La maternité, synonyme absolu de force et de virilité, les arguments en faveur de la virilité et de la « supériorité » du mâle se tourneraient irrémédiablement vers la maternité. Car nul autre qu’un être supérieur serait capable de porter la vie, de l’entretenir, et de la rendre à l’humanité. Et quel meilleur symbole de force serait-ce que la douleur de l’enfantement, les contractions et la pénibilité de la grossesse ?

C:Pixabay

D’ailleurs, il y aurait de plus en plus de traitements pour alléger le fardeau de la maternité. Personne ne stigmatiserait plus jamais le recours à la péridurale, qui serait soit dit en passant le symbole de l’évolution. Et qui oserait s’attaquer à la césarienne ? Cette intervention chirurgicale révolutionnaire…

L’existence d’un système juridico-social plus clément

Si les hommes donnaient naissance à des bébés, il y aurait certainement un système juridico-social plus comprehensif: les allocations grossesses, fiscalité large, lois punissant les mères irresponsables, garderies et crèches obligatoires dans les entreprises, ou obligation pour les femmes de rester à la maison pour garder les enfants, promotion professionnelle pour tout homme qui deviendrait père.

Evidemment, les enfants porteraient encore le nom de leurs géniteurs, sous prétexte qu’ils leur appartiennent réellement. L’inégalité salariale serait justifiée cette fois par ce fait biologique. Ils portent les bébés. Il faut bien que la société leur donnent le moyen de s’en occuper. La mortalité en couches serait réduite tant les études et la médecine se pencheraient sur l’accouchement…

Contraception et avortement: des droits inaliénables

Si les hommes portaient les bébés, il n’y aurait sans doute pas eu ces débats sur la contraception et l’avortement. Ils auraient eu le droit le plus absolu de choisir quand et comment ils enfanteraient.

L’avortement ? Bien sûr qu’il serait reconnu et même exprimerait le droit des hommes à disposer de leurs corps. Le droit à l’avortement serait accompagné des soins médicaux idoines pour qu’aucun homme n’en meurt jamais. Et l’avortement ne serait jamais clandestin comme c’est le cas maintenant pour bon nombres de femmes dans de nombreux pays. Les hommes institueraient l’éducation sexuelle et la planification familiale comme norme presqu’absolue…

Tu l’as compris, si les hommes tombaient enceintes, la maternité et corollaires auraient une connotation bien différente et plus auréolée de positivité. Dans un système patriarcal, mieux peut-être aurait fallu que cela soit du ressort pour l’homme de porter physiologiquement une grossesse…

Un jour, une femme…

T’es-tu déjà demandé.e c’est quoi être une femme ? Laisse-moi te dire que c’est dur d’être une femme. La société demande trop à une femme. Elle te demande d’être une parfaite carriériste, parfaite femme au foyer, une mère de famille exemplaire… C’est tellement dur d’être une femme… Comment peut-on parler d’égalité des sexes alors que le contraire est visible à tous les niveaux de la vie ?

Badal Fohmoh/Caroline
Partagez

Commentaires