À la découverte d’un marché peu ordinaire…

Article : À la découverte d’un marché peu ordinaire…
Crédit: Badal Fohmoh
5 avril 2024

À la découverte d’un marché peu ordinaire…

De passage le temps d’un week-end à Bafou, à l’ouest Cameroun, j’ai appris énormément de choses sur le marché Meya du village Bafou. De son évolution à son déclin, je t’en dis plus dans ce billet.

Il y a plus d’une semaine, j’étais à l’ouest. Mais pas dans mon département d’origine. J’étais dans la Menoua à Dschang. J’y suis allée pour assister un très grand ami qui « pleurait » son père comme on le dit ici chez nous. En fait, sa famille faisait les funérailles de son papa, décédée 4 ans plus tôt.

Image d’une carte du Cameroun et des captures d’écran du département de la Menoua (Dschang), et du du village Bafou. C: Un montage de moi-même fait sur Canva avec des photos prises sur Pixabay et des captures d’écran de Google Maps.

En route pour Bafou…

Pour l’accompagner dans ce moment important, je suis partie de Douala pour Bafou. Un village dont je ne connaissais que le nom.

Arrivée au petit matin de la cérémonie à la gare routière de Dschang, j’ai pris un taxi-brousse qui m’a laissé non loin de l’école publique du village. Mon ami devrait m’y attendre mais chose curieuse, il n’y était pas.

Moi, après avoir constaté l’absence de mon ami Joël. C : Badal Fohmoh

Après plusieurs appels, j’ai dû suivre ses instructions. Trouver une moto depuis ma position n’a pas été chose facile.

Le jour se levant, toutes les motos et véhicules qui passaient étaient pleins de passagers et ou de vivres. C’est un papa revenant de la chefferie qui m’a gracieusement apporté son aide. Au premier contact, il a su que j’étais étrangère. Il m’a fait comprendre que c’est jour de marché à maya.

Des habitants des villages voisins venus faire le marché à Bafou embarquant pour leur territoire. C : Badal Fohmoh

Je n’ai pas hésité à lui donner les raisons de ma présence. Chemin faisant, il m’a conté l’histoire que tu liras dans les prochains paragraphes.

Récit d’un septuagénaire

Au cœur des collines verdoyantes du pays Bamiléké se trouve le village Bafou, connu pour sa riche histoire et sa culture vibrante. Au sein de cette communauté centenaire, le marché Meya a longtemps été le point de convergence des échanges hebdomadaires, tissant des liens sociaux et économiques essentiels pour ses habitants. Cependant, l’histoire de ce marché emblématique est aussi celle d’une évolution et d’un déclin marquants.

Un passé glorieux

Autrefois, le marché Meya était le poumon économique et social de Bafou. Les ruelles animées étaient un véritable dédale où se côtoyaient les odeurs enivrantes des épices, les couleurs chatoyantes des tissus et l’effervescence des échanges commerciaux. Chaque semaine, les habitants se rassemblaient pour acheter, vendre et partager les nouvelles du village.

Les causes du déclin

Au fil des années, le marché Meya a connu un déclin progressif, alimenté par plusieurs facteurs. L’exode rural, première cause de cette chute a entraîné le départ des jeunes à la recherche de meilleures opportunités économiques, laissant derrière eux une population vieillissante et moins active. De plus, la construction d’une route goudronnée reliant Bafoussam à Dschang a facilité l’accès à d’autres marchés, détournant ainsi une partie de la clientèle locale.

Les défis actuels

Aujourd’hui, le marché Meya est un spectre de son passé glorieux. Les étals vides et les ruelles désertes témoignent de son déclin, tandis que la question foncière complexe entrave toute tentative de revitalisation. Les héritiers des propriétaires terriens sont dispersés et désunis quant à l’avenir du marché, laissant ainsi un terrain propice à l’abandon et au délabrement. L’effervescence actuelle n’est rien comparée à celle des années antérieures.

Le récit de papa Noumedem est certes court, mais emprunt d’une histoire culturelle mémorable. Et dont la plupart des marchés de nos villages connaissent ou ont connu.

C’est avec plaisir et sourire que nous nous sommes séparés au carrefour Lessing où m’attendait mon ami Joël. Qui lui, a été surpris de me voir discutant et riant à gorge déployée avec un inconnu vieillard.

Tout cela m’a rappelé la nature première de l’homme : la bonté. Chaque fois que j’irai à Bafou ou que quelqu’un me parlera de ce village, je me souviendrai de papa Noumedem.

Jusqu’à présent, cette expérience me donne toujours du sourire quand j’y pense. Et toi, as-tu aussi déjà vécu une expérience pareille ? C’était où ? Quand ? À quelle occasion ? Raconte-la moi en commentaire.

Avec tout mon amour, Badal.

C : Badal Fohmoh

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