La mort a encore frappé au Cameroun

Article : La mort a encore frappé au Cameroun
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19 juin 2023

La mort a encore frappé au Cameroun

Depuis le début de cette année 2023, la mort rôde sans cesse dans le secteur du showbiz camerounais. Après les décès de plusieurs stars, cette faucheuse vient encore de frapper. Elle a emmené avec elle jeudi dernier, 15 juin 2023, l’artiste et web-comédien Cabrel Nanjip.

La nouvelle s’est répandue comme une fumée de poudre jeudi dernier. Alors qu’il se rendait au haut commissariat du Canada au Cameroun à Yaoundé, pour y retirer son visa en vue d’une tournée qu’il préparait là-bas, Cabrel Nanjip a eu un accident qui lui a coûté la vie sur la nationale nº 3, entre Edéa et Pouma. Secouru par la population riveraine, le jeune comédien de 33 ans a aussitôt rendu l’âme une fois le seuil de l’hôpital régional d’Edéa franchi.

Personnellement, j’ai été surprise lorsque j’ai appris la nouvelle. Je n’arrivais pas à croire ce que je voyais sur les réseaux sociaux : son corps sans vie, des vidéos de la population l’aidant, les pleurs de ses proches. J’ai eu un très grand pincement au coeur 💔. Il y a à peine quelques mois, il m’avait aidé à retrouver une petite soeur qui avait fugué de la maison. Mon coeur saigne 💔…

C: Famille Nguepnang

Une perte de plus pour le Cameroun

Le décès de Cabrel vient ainsi s’ajouter aux nombreuses autres pertes survenues depuis le début de cette année : Madame Cooper (Tiktokeuse) x Corry Denguemo (Chanteuse) x Ze Bella (Musicien) x Alphonse Beni (Acteur) x Frédérique Ottou (Chanteuse) x Miss ngatcho (Humoriste) x Président Antonio (Humoriste).

Comme les autres, la toile est pleine de témoignages à l’endroit de ce digne fils de Bagangté, localité située à l’ouest Cameroun.

Sauf que celle de Cabrel crée beaucoup de polémique sur la toile. Décédé un 15 juin à l’âge de 33 ans comme un certain DJ Arafat de la Côte d’Ivoire, tous deux sur leurs engins motorisés : l’un à bord de sa voiture et l’autre de sa moto, les internautes tirent chacun des conclusions de leur côté en évoquant des raisons sans fondement solide. Quand tu as un peu d’argent, il ne doit pas mourir jeune dans ce pays. Les histoires qu’il y’aura après son décès seront toujours curieuses et époustouflantes. Je pense que c’est très dommage. On nous a tellement prédit une vie difficile que quand tu sors la tête de l’eau, c’est presque pas normal et donc mystique, au point où même les choses les plus logiques, qui peuvent arriver à tout le monde (mourir dans un accident de la route), ne doivent plus t’arriver parce que tu as quelques miettes ; j’évoque ici LA MORT. Une fois qu’on est né, on va mourrir et c’est inéluctable malheureusement.

La réussite en Afrique…

Les gens pense encore ainsi au Cameroun. En Afrique, la mort d’un jeune n’est jamais simple. Les récit autours de la mort de ce jeune frère, comme on pouvait malheureusement le prévoir, partent naturellement dans tous les sens. J’espere juste qu’il pourra trouver la paix là où il est maintenant. Un jeune peut il « réussir » dans ce pays sans rumeur de secte et loge ? J’ose espérer que oui. Je veux espérer que oui. Car, même dans ce que nous considérons comme « richesse » dans ce pays, (ou continent), je vois que nous sommes très pauvres. Un appartement décent, un voyage ici ou là, des habits propres, une voiture et de quoi manger 3 fois par jour, et tu es considéré comme riche. Alors que ce sont des choses normales pour tout jeune dans d’autres pays. Si déjà, on doit vendre son âme, je me dis ça devrait être pour des choses qui ont plus de valeur. Mais la vérité, c’est que comme nation nous sommes collectivement pauvres. Du coup, les choses les plus banales sont considérées comme un luxe. La plupart des jeunes influenceurs de ce pays (vu qu’il s’agit d’eux) auraient la vie la plus banale sous d’autres cieux. Mon souhait est qu’on comprenne qu’il va falloir élever notre niveau. Ne plus se contenter de la médiocrité générale. Il va nous falloir nous mettre au travail. Faire les choses ennuyeuses et difficiles mais nécessaires pour l’avancée d’une nation. Et que, quand on aura de belles autoroutes et beaucoup de jeunes qui peuvent s’offrir des choses, alors la mort ne sera pas/plus toujours un sujet de sorcellerie. On pourra penser la mort autrement. Opérer par exemple une remise en question de comment on pourrait faire pour mieux vivre la prochaine fois.

En fin de compte, j’emprunte ces quelques mots de Kery pour lui rendre un vibrant hommage. Nous n’étions pas si proches, mais voir ces milliers de personnes parler de lui ne m’a pas laissé insensible. Encore plus, notre benjamine à la maison l’a tellement pleuré…

Rien n’est moins sûr que l’instant suivant

Il n’y a que des futurs morts parmi les vivants

Kery James

L’éducation aux médias urge…

Je n’arrive toujours pas à comprendre comment des personnes civilisées et normales peuvent se permettre de publier le corps sans vie de leur semblable sur les réseaux, sans gêne. Les gestes des footballeurs lors de l’euro 2021 m’ont énormément marqué et je crois qu’on devrait enseigner cela dans de nombreux pays. Parce-que protéger l’image de nos morts, par respect pour la personne qu’ils ont été et par respect pour leurs proches, c’est important ! Surtout à l’ère des réseaux sociaux.

C:Badal Fohmoh
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