Jean-Pierre Dikongue Pipa : le digne cinéaste d’Afrique

Article : Jean-Pierre Dikongue Pipa : le digne cinéaste d’Afrique
Crédit: cinecamer
3 juin 2022

Jean-Pierre Dikongue Pipa : le digne cinéaste d’Afrique

L’Afrique est le berceau de l’humanité, une phrase bien connue de tous les peuples d’Afrique. Le continent a toujours fait preuve d’une inventivité remarquable, et ce dans divers domaines d’activités. Au cinéma par exemple, il y en a qui ont fait briller le continent à travers cet art. C’est justement le cas de Jean-Pierre Dikongue Pipa. Abordé lors d’une projection de film en pleine rue ici à Douala, l’homme n’a pas hésité à répondre à mes questions.

Dikongue Pipa. Crédit Photo : CineCamer

Qui est réellement Jean-Pierre Dinkongue Pipa ?

Né en 1940, Jean-Pierre Dikongue Pipa est un cinéaste camerounais. Il est réalisateur et scénariste depuis 1965. Il est le premier Camerounais à mettre le cinéma de son pays au toit du monde et à être reconnu par ses paires, malgré les inimitiés de base. Il est également le seul à avoir permis au Cameroun de remporter la plus prestigieuse distinction cinématographique d’Afrique, l’Etalon d’Or de Yennenga. C’était en 1976, au FESPACO.

À la suite de cela, Dikongue Pipa ira s’inscrire en première année au conservatoire indépendant du cinéma français, où il fera des cours par correspondance, car vivant à Cannes. Il brave avec brio sa première année et entame la seconde année en présentiel.

Quelques années plus tard, Dikongue Pipa se retrouve en France où il fera d’abord des études en art plastique. Il s’en est d’ailleurs vanté en disant:  » Je suis le premier Camerounais dans le monde à m’être intéressé à l’art plastique ».

Il confiera : « On me sortait de la salle de classe tous les jours à cause de ma curiosité. Par cours, nous avions droit à trois questions, je posais les trois et quand je voulais poser la quatrième, on me mettait dehors et le directeur de l’époque, M. Kilissi venait supplier pour qu’on me laisse rentrer ». Nous sommes là en 1964.

À sa sortie du conservatoire, Dikongue Pipa se consacre d’abord au théâtre, il essaie de jumeler le cinéma et le théâtre dans ses réalisations : « Joseph Doumba m’a envoyé apprendre le cinéma au Sénégal car je voulais transposer le « gros plan » dont j’entendais parler au cinéma, au théâtre ». Dans la foulée, il a écrit « Le crépuscule des vautours », une pièce théâtrale qui revenait sur la mort de Patrice Lumumba. Elle lui vaudra le prix de la fondation Ford. Plus d’informations ici

À son retour à Paris, après l’épisode du Sénégal, Dikongue Pipa veut se lancer dans le cinéma. Il écume alors toutes les maisons de productions avec ses scénarii, toutes les portes lui seront fermées : « Les blancs ne m’acceptaient pas comme réalisateur, ils me disaient parfois: « Crois-tu que tes œuvres seront regardées parce que tu es réalisateur ? Tu n’es qu’un petit nègre, tu n’es personne ». Après ça, j’ai fait une tentative de suicide. J’ai voulu me jeter du troisième étage de l’immeuble où je vivais. C’est François Mitterrand qui, à l’époque mon voisin, était venu à mon aide. Il n’était pas encore président. Le lendemain je suis allé voir M. Jean Debrix, qui était le directeur du bureau du cinéma au ministère de le coopération à Paris. Il m’a donné quatre boîtes de pellicules de 16mm, et m’a dit, va faire un film je verrai si tu en es capable ».

Lorsque Jean Debrix reçoit les premières images, il demande à Dikongue Pipa de lui écrire un nouveau scénario. C’est comme ça que naîtra le premier long métrage camerounais : Muna Moto (l’enfant de quelqu’un).

C: Cinecamer

Il confie par la suite que le titre de départ c’était « Le banc de sable« . Pour un coup d’essai, c’était un coup de maître. Mouna Moto a été enseigné dans toutes les grandes écoles de cinéma dans le monde; comme étant une référence. Ceci, jusqu’à Moscou.

Et sa filmographie : parlons-en !

Malgré sa filmographie assez vaste, il dit toujours qu’il n’a que quatre films notoires: Le prix de la liberté (1978), Badiaga (1987, revient sur l’histoire de la chanteuse Beti Beti) qui signifie en langue yambassa: qu’on ne pénètre pas, Histoires drôles et drôles de gens (1983) et enfin, Mouna Moto (1975).

C: Cinecamer

Grâce à Mouna Moto, en 1976 il est primé étalon d’or de Yennega par le FESPACO (Festival Panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou au Burkina Faso), qui à l’époque, s’appelait « Semaine du festival africain". Dès lors, le Burkina a entamé des démarches auprès du gouvernement camerounais, afin que sa statue soit érigée sur la place des cinéastes à Ouagadougou, lieu où trônent toutes les célébrités africaines ayant reçu ce prix. Ce n’est que 43 ans plus tard, que le Cameroun accèdera à cette demande. Le monument de Dikongue Pipa sera inauguré à l’occasion des 50 ans d’existence du FESPACO.

Dikongue Pipa a reçu plusieurs autres prix autour de la même année: le grand prix du festival international du film de l’ensemble francophone en Suisse (1975). Une figurine de 36 kgs qui trône dans son salon. Il recevra également le prix Georges-Sadoul en France (1975), Sélection officielle à la Mostra de Venezia – Biennale d’Arte Cinematografica, Italie (1975) et le Tanit d’argent aux journées cinématographiques de Carthage à Tunis (1976).

« J’ai envoyé Muna Moto au festival de Cannes et les français m’ont reproché le fait que ce film soit en français (😂). J’ai rétorqué que c’est la langue de communication de chez nous. Ils auraient voulu que ce soit aussi en anglais et peut-être même en langue Douala, j’en sais rien. Après ça, j’ai plus jamais voulu présenter un de mes films à Cannes et je ne l’ai plus jamais fait« . « Je suis arrivé au cinéma par un coup de tête, à tout hasard. Je me souviens de m’être posé la question de savoir: pourquoi pas le cinéma ? Et bien, c’est parce que le cinéma était ma raison d’exercer. » Un parcours atypique pour un monument du cinéma camerounais voire, africain.

Il écrit actuellement l’histoire des duala, tribu camerounaise appartenant au groupe Sawa, qu’il mettra sans doute au cinéma si la vie le lui permet. Aujourd’hui, Jean-Pierre Dikongue Pipa vit à Douala au Cameroun, auprès de ses proches.

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Commentaires

Tso Ngong Cyprian
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Waaaooooo!
Such a great person of which many youths are not aware of.
We salut ur great efforts sir 🙌🙏

Badal Fohmoh
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Thank you !

Badal Fohmoh
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Thank you sir !

Badal Fohmoh
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Thank you so much sir. WE will happy to read you here frekently.