De la loyauté…

Article : De la loyauté…
Crédit:
8 mars 2023

De la loyauté…

Depuis quelques jours, j’entends beaucoup cette notion de loyauté, dans le débat public, sur les réseaux sociaux. Notamment sur l’affaire Martinez Zogo, le journaliste enlevé, torturé et tué à Yaoundé au Cameroun.

Dans l’entendement de ceux qui mobilisent ce concept fort de sens, par les temps de marasme moral qui courent, il y a le désir de magnifier le fait d’apporter un indéfectible soutien, et de rester fidèle (coûte que vaille, et sans aucune autre considération) à celui qui a pu, un jour, nous faire du bien dans la vie. Moi, Badal Fohmoh, je m’inscris en faux, contre cette manière de lire et de dire la vertu.

À la vérité, on ne juge pas de la loyauté, par la loyauté elle-même. S’il ne s’agit que d’être loyal, nous le sommes tous, à l’égard de tant de choses dérisoires. Ce qui fait de la loyauté, une vertu, c’est au moins deux choses :

#1– Ce pour quoi on est loyal: l’objet de notre loyauté.

#2– Et la dignité de la cause qui appelle notre loyauté.

La loyauté à l’erreur, au mal ou à ceux qui se rendent coupables de ce qui est mal, n’a à mon sens rien de vertueux. Et ne devrait dès lors pas être magnifiée comme on magnifierait ce qui est juste et digne d’approbation.

De la déconstruction de la loyauté

La loyauté est une soumission volontaire, un choix individuel posé en fonction des valeurs personnelles auxquelles on est fortement attaché. Et cet élément est important : on est d’abord loyal à soi, à une certaine image que l’on a de soi et que l’on souhaite faire valoir auprès des autres.

Il n’y a de loyal que dans la vertu. La loyauté n’a de sens que dans la vertu. On ne saurait parler de loyauté envers un criminel. Tout compte fait, on peut être loyal à la malhonnêteté, et bien d’autres vices. Tout est clair…

La loyauté des loups ou celle des brebis dans l’affaire Martinez Zogo ?

Je me demande toujours si ce n’est pas mieux de soutenir une cause plutôt qu’une personne. Cette affaire de meurtre sur la personne du journaliste Martinez Zogo me paraît très louche.

D’autant plus que les présumés coupables messieurs Jean Pierre Amougou Belinga (PDG du groupe l’Anedocte), Etoundi Nsoe (lieutenant colonel à la retraite), Maxime Eko Eko (directeur général des opérations extérieures), et Bruno Bidjang (journaliste et DG du groupe l’Anedocte) ont été auparavant arrêtés, auditionnés et détenus au Secrétariat d’Etat à la Défense (SED)…Et jusqu’ici, le ministre de la justice camerounaise Laurent Esso, dont le nom est cité dans cette affaire n’a ni démissionné, ni été relevé de ses fonctions. Encore moins été entendu, que faire ? Que penser ? Je n’en sais rien.

En début de cette semaine, j’ai appris que Etoundi Nsoe et Bruno Bidjang ont été libérés. Par contre, Amougou Belinga et Maxime Eko Eko ont été mis sous mandat de dépôt à la prison centrale de Kondengui (et non condamnation) pour enlèvement, filature et torture, et complicité de torture.

La toile camerounaise se demande pourquoi Bruno Bidjang n’est-il pas y allé avec son patron. Lui qui a auparavant chanté sur tous les toits qu’il ferait n’importe quoi pour son employeur. Heureusement pour lui, il est encore très jeune. Je lui souhaite de renaître de ses cendres !

Personnellement, ma question demeure: qui a donc assassiné Martinez Zogo ?

Badal Fohmoh/Caroline
Étiquettes
Partagez

Commentaires