Moi blogueuse, je découvre l’autisme

Article : Moi blogueuse, je découvre l’autisme
Crédit: Badal Fohmoh
30 mars 2023

Moi blogueuse, je découvre l’autisme

Secrétaire générale adjointe de l’association des blogueurs du Cameroun (ABC), j’ai pris part vendredi dernier, à Yaoundé, à un atelier d’imprégnation à l’autisme.

Il était question de représenter Dania Ebongue, président de l’ABC. Étant à Yaoundé pour le match des lions indomptables, j’ai pris part à cet atelier enrichissant. 9h10, me voici arrivée à l’hôtel Les Grâces de Yaoundé. Après les enregistrements, madame Sophie Ortense Tchouala, déléguée régionale de la communication du centre et par ailleurs représentante du ministre de la communication a ouvert le bal de la formation.

C: Badal Fohmoh

Entre les présentations et le mot de bienvenue de la présidente de la maison bleue de Julien, une évaluation initiale sur les connaissances de l’autisme a été faite. Et de cette évaluation, je peux dire que seulement un dixième des participants ont déjà entendu parler de l’autisme, même s’ils ne savent pas réellement ce qu’il en est.

C: Badal Fohmoh

Comprendre et s’informer : qu’est-ce que l’autisme ?

J’avoue que de nombreux clichés ont illustré/faussé ma vision de l’autisme. Plus jeune, j’avais une camarade d’ecole dont le petit frère en était atteint. Curieusement, c’est maintenant que je comprends. Surdoués ou totalement repliés sur eux-mêmes, les autistes ont de multiples visages. Ils peuvent fasciner comme dérouter. Je me suis toujours dit que l’autisme est un trouble du développement qui réduit la capacité à communiquer et à interagir. Bien que pas loin de la définition proprement dite, participer à cet atelier m’a permise de ranger mes préjugés dans leur placard.

Dr Romuald Stone Mbangmou nous a fait savoir que l’autisme est un handicap qui fait partir des maladies mentales. C’est pourquoi l’enfant autiste aura des troubles de la communication et des interactions sociales, des centres d’intérêt et comportements restreints et répétitifs.

C: Badal Fohmoh

Que l’enfant autiste soit au niveau 1, 2 ou 3, la première étape lorsqu’on observe des comportements inhabituels chez son enfant reste la consultation. Bien sûr chez un psychologue clinicien.

Les causes de l’autisme peuvent être génétiques, biologiques ou environnementales. Elles ne sont pas précises. Et c’est pourquoi l’enfant autiste est toujours à la recherche des sensations (pro, hypo ou hypersensible).

Une prise en charge individuelle

Au chapitre des interventions, Danielle Maëlle Bassong, éducatrice spécialisée a insisté sur le fait que l’accompagnement des enfants autistes reste individuel. Aussi, j’ai appris que même s’ils peuvent avoir du mal à formuler un discours, les enfants autistes peuvent parfois commencer parler à partir de 8-10 ans.

Cependant, la prise en charge de l’enfant autiste n’est pas chose facile. D’autant plus que la prévalence est plus forte chez les garçons que chez les filles.

C: Badal Fohmoh

D’après l’hypothèse génétique, une fille autiste a plus de chance de s’en sortir que le garçon autiste. Mais une fois que cette dernière en est atteinte, elle souffrira d’autisme sévère… Bien qu’il aime l’eau et qu’il ait des problèmes de langage, d’articulation et préfère l’isolement, l’enfant autiste peut être enclin à se faire du mal, à s’automutiler… Sa sexualité est plus expressive que celle de l’enfant dit « normal », c’est pourquoi il faut l’aider à mieux vivre sa sexualité plutôt qu’à la faire taire. Selon Dr Mbangmou, environ 15% de la population camerounaise vit avec un handicap. Et comme l’Etat ne s’en préoccupe guère, il faut encourager les projets comme la maison bleue de Julien.

C’est quoi la maison bleue de Julien ?

La maison bleue de Julien est une association qui milite à accompagner l’Etat dans l’encadrement des enfants autistes tout en favorisant leur insertion dans la societé. Mère d’enfant autiste au nom de Julien, c’est en 2019 que Jeanne Kiboum décide de créer la maison bleue de Julien. En l’honneur de son fils, elle décide de mettre sur pied cette association pour développer au maximun un savoir, mieux vivre et être pour ces bouts de choux. L’accompagnement n’est donc qu’un processus…

C’est d’ailleurs dans ce sens qu’en 2020, la maison bleue de Julien organise son tout premier atelier de sensibilisation. L’année d’après, elle accompagne deux parents d’enfants autistes. 2022, le processus de vulgarisation de l’autisme continue son bout de chemin et pour cette année 2023, Jeanne Kiboum compte mettre en avant le projet « Jeune ado-autiste ». Les enfants de 16 à 25 ans en sont la cible, ils pourront montrer leur savoir-faire lors des expositions, ateliers, sensibilisations…

Au final, on nait autiste et on meurt autiste. Incurable, l’enfant autiste n’est pas conscient de sa différence. C’est la raison majeure pour laquelle nous devons nous adapter à la personne autiste et non le contraire. Nous devons l’accompagner dans son processus de socialisation et d’intégration.

Lever les tabous

Pour cela donc, l’Etat doit préparer l’environnement à la différence en prenant cette cause par la fondation (les éducateurs) plutôt que par la toiture (les parents). Cela passe nécessairement par la préparation de l’environnement qui doit accueillir ces enfants, c’est-à-dire, à défaut de former des éducateurs spécialisés pour une éducation inclusive, il doit s’assurer de bien former les éducateurs « normaux » afin que tout enseignant soit capable de tenir dans sa salle de classe des enfants « normaux » et ceux ayant un handicap.

Les témoignages de parents ayant des enfants autistes m’ont énormément secoué. Et j’avoue que j’ai coulé une larme sans m’en rendre compte lorsque Charles Nembot, parent d’enfant autiste et président de Hope for autism a insisté sur le fait qu’en matière de sexualité, le suivi de l’enfant autiste est assez délicat :

Il y a des jours où mon fils se masturbe à la maison. Qu’il y ait des invités ou pas, il le fait sans gêne et parfois debout.

Charles Nembot, parent d’enfant autiste.

Lorsque j’ai reçu mon attestion de participation, je me suis dit de faire plus attention en ce qui concerne cet handicap qu’on assimile dans nos villages à de la sorcellerie. La sensibilisation doit même commencer par là avec les radios communautaires et les émissions en langues locales. Et pour un début, j’irai ce dimanche à Canal Olympia de Bessengué regarder le film 2 avril de l’actrice, réalisatrice et productrice camerounaise Noëlle Kenmoe.

C: Noelle Kenmoe Studio

J’espère t’y voir et qu’ensemble nous leverons les tabous et soutiendrons les grandes actions. La sensibilisation doit continuer.

Nous sommes TOUS concernés.

C: Badal Fohmoh
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