J’y étais: mon premier voyage à Accra

Article : J’y étais: mon premier voyage à Accra
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16 octobre 2024

J’y étais: mon premier voyage à Accra

L’an dernier, j’ai reçu l’invitation pour prendre part au Africa Facts Summit mais la condition était de prendre personnellement mes frais de voyage et d’hébergement en charge. Faute de moyens, j’avais décliné l’offre. Cette année encore, l’occasion n’a pas manqué…

Tout a commencé par un message que j’ai reçu de mon amie et partenaire Augustine Ndiaye de Fakt, me parlant de son indisponibilité et me demandant par la même occasion si je pouvais prendre sa place pour assister au sommet. Chose que j’ai accepté. Nous nous sommes donc partagées les tâches pour aérer certaines dépenses.

Le jour J : départ pour Accra

Mardi 8 octobre 2024, aéroport international de Douala, destination : Accra, la capitale du Ghana. L’avion, ce n’est pas comme le bus ou le train où on n’a pas droit au minimum de respect. Dans l’avion, on sert des petits plats avec entrée, résistance et desserts. J’avais très hâte de ce voyage car cette fois-ci, j’allais prendre part au Africa Facts Summit. Un événement majeur qui rassemble des factchekers (vérificateurs des faits) et les organisations de vérification des faits du continent. J’ai donc tout préparé de mon mieux pour y passer un excellent séjour. J’avais quand même déjà pris l’avion, donc j’avais une idée d’où j’allais me rendre pour l’embarquement. Dans les rangs, j’ai trouvé un monsieur juste devant moi qui allait aussi à Accra. Et après moi, une ado d’environ 19 ans qui allait aux États-Unis pour continuer ses études d’après ce qu’elle m’a dit. On a donc sympathisé.
Mon avion de la compagnie Asky a décollé vers 10h 20 et après une escale à Lomé, au Togo, et environ 50 minutes de vol, je suis arrivée à l’aéroport international de Kotoka. C’est beau, grand, propre et soigné. Cela n’avait rien à voir avec celui de Douala. Bref, j’ignorais que c’était ainsi le début de mes maux de têtes. Après avoir payé les frais de visa qui s’élevaient à 200$ soit 140 mille francs CFA, je me suis accrochée à Hemes Nkwa que j’ai croisé à Lomé, lors de l’escale et dont le chauffeur de l’hôtel Lancaster attendait juste dehors.

Eh oui, je suis arrivée à son hôtel avant de chercher un autre taxi pour ma résidence. J’avais fait une réservation sur booking pour l’American Mall, un centre commercial au plein cœur d’Accra avec des appartements meublés sur ses trois étages.

J’ai rencontré des personnes attentives, bienveillantes et prêtes à utiliser Google Translate pour faciliter nos échanges. Elles m’ont aidé à trouver un chauffeur et n’ont pas hésité de me dire de payer 10$ au chauffeur. Le long du trajet, j’ai découvert une ville bien structurée, propre, des routes spacieuses et goudronnées jusque dans les petits quartiers, des conducteurs respectueux du code de la route, jusqu’aux automobilistes (mon Dieu). Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à mon Cameroun, à Douala, où personne ne respecte le code de la route, et où les moto taxis ne mettent aucun casque. Tout le contraire de ce que je voyais… Je n’ai pas manqué de me dire intérieurement : « Ça aaaaa, nous ne sommes décidément pas le continent qu’on pense être. Le Cameroun mérite tellement mieux. »

Mon chauffeur a remarqué que je n’étais pas du coin alors, il a demandé :

« – Where are you coming from ?

– ⁠I’m coming from Cameroon

– ⁠Ah the country of Samuel Eto’o !

Il était tellement content de l’entendre. Et moi, j’ai répliqué :

– Yes, he is our most popular footballer

⁠- It’s the truth, my son loves him.

Voilà comment grâce à une simple réponse, le chauffeur s’est ouvert. Il m’a donné des conseils sur comment me déplacer et où trouver facilement à manger depuis mon appartement.
Le comble, c’est qu’il n’a pas pris mes 10$. Il m’a dit qu’il dira à son fils qu’il a rencontré la sœur de Samuel Eto’o (riiires) et m’a gentiment demandé s’il pouvait prendre une photo.
Un papa tellement gentil, il m’a même aidé à porter ma valise jusqu’à la réception. Quelques minutes plus tard, j’entrais dans mon appartement… question de me reposer et de me préparer pour le Africa Fact Summit 2024.


C’est quoi le Africa Fact Summit ?

Oui, je sais que tu te le demande (rire), laisse-moi t’en dire plus.
Le Africa Fact Summit est un évènement majeur centré sur l’avancée de la lutte contre la désinformation en Afrique. Il réunit les acteurs du domaine ainsi que les organisations de vérification des faits pour recentrer le débat et ouvrir les perspectives.

Proposé par Africa Check, le #AfricaFactsSummit2024 a été co-organisé à Accra par cet organisme et ses partenaires locaux Dubawa Ghana, la branche de vérification des faits pour le journalisme, l’innovation et le développement (CJID) et Ghana Fact.

Le thème retenu était: « Lutte contre la mésinformation et la désinformation en Afrique : défis, innovations et réponses stratégiques ». Le sommet visait surtout à neutraliser l’effet des désordres de l’information dans la démocratie africaine. J’y ai passé de bons moments d’apprentissage, de renforcement de capacités et de réseautage.

Mes moments forts

N’étant pas logée à l’hôtel réservé aux participants du sommet, je me levais tôt pour avoir du temps afin de ne pas arriver en retard au centre Cedi du département d’économie de l’université du Ghana. Heureusement, j’avais Yango installé dans mon téléphone. J’en ai commandé un qui m’a pris 45 ghana cédi environ 1700 franc cfa. Le plus important, j’étais à l’heure.

Une photo de moi avant le début du sommet. C: Une bénévole/Badal Fohmoh

Le discours d’ouverture

Dans son discours de bienvenue, la professeure Abena Yeboah Banin, chef du département des études en communication de l’université, Noko Magkota, directrice exécutive d’Africa Check, et l’oratrice principale, Onica Makwakwa, ont tour à tour donné leur point de vue sur la manière dont la désinformation affecte les institutions démocratiques et universitaires de l’Afrique et sur la nécessité pour tous les Africains de mettre en commun leurs ressources et leur expertise pour la combattre.

Avec au moins dix pays africains, dont le Ghana, prévus pour des élections au dernier trimestre de 2024, j’ai énormément apprécié ces mots. Les expériences des vérificateurs de faits et des experts de tout le continent ont été mises en évidence.

Des coups de feu tirés pour disperser les manifestants en colère au Nigeria aux émeutes de la jeunesse au Kenya qui ont forcé leur président à limoger son cabinet, des actes de désinformation sexistes et sexualisés disséminés dans le paysage médiatique africain au silence des médias au Burkina Faso du capitaine Ibrahim Traoré, les vérificateurs de faits des 50 membres d’Africa Fact Network ont ​​partagé leurs points de vue sur le problème de la désinformation dans l’architecture de gouvernance africaine et sur la manière dont ils tentent de la combattre par le biais de la vérification des faits et d’autres campagnes d’éducation aux médias.

Les séances par groupes

Lors de séances en petits groupes dans les salles de séminaire du Centre de conférences Cedi à Accra, les experts ont emmené des vérificateurs de faits dans les rues du Kenya, d’Abuja, de la RDC, des chambres du Parlement du Ghana, d’Afrique du Sud et du Sénégal. Ils ont montré comment la désinformation se déroulait dans différents contextes préoccupants.

Dans tous les cas, la vérité a été assassinée tandis que la tromperie et la manipulation ont pris le devant de la scène par des acteurs malveillants se bousculant pour le pouvoir, la gloire et l’argent.

Durant 48 heures, le défi consistait pour les vérificateurs de faits de tout le continent à trouver des moyens de contrer les activités de ces acteurs malveillants, tant au sein qu’en dehors du gouvernement, et à fournir une architecture de l’information plus résiliente. Les sujets abordés comprenaient la désinformation dans les contextes politiques, la désinformation ciblant des communautés spécifiques, le rôle des médias dans la formulation des récits, les outils numériques et la technologie dans la lutte contre la désinformation, ainsi que les défis et les stratégies pour lutter contre la désinformation.

Certains des experts qui traitaient de certains de ces sujets incluaient mes compatriotes le Dr Hèmes Nkwa de Yoheda Solutions et FOTSO Fonkam de Code 4 Africa, ainsi que Bisan Habu du CJID, Rabiu Alhassan de Fact Space West Africa, Dancan Bwire d’Africa Check, Kenya, Ange Kasongo de Balobaki Check, Kwaku Krobea Asante de Fact-check Ghana et Rabeb Aloui de BN Check.


Le Sommet s’est terminé le 10 octobre dernier après une soirée de gala pour honorer les vérificateurs de faits méritants qui ont réalisé un travail marquant au cours de l’année sous revue.

Le temps des interviews

Cela n’a pad du tout était facile. Je me suis remise dans la peau d’une journaliste. Après chaque session, je devais trouver un participant pour qu’il réponde à quelques questions. Déjà qu’il n’y avait pas assez de temps, il fallait être ingénieuse et convaincante. Entre interviews en anglais et en français, je me suis très bien en sortie. J’ai été brave. J’ai beaucoup apprécié le fait que Ange Kasongo me propose de poser les questions à son collaborateur, Moïse Esapa, plutôt qu’à elle. En plus, il a assuré. Nous nous sommes même croisés à l’aéroport le jour suivant la clôture du sommet. On a bien discuté, je lui ai parlé de Class Pro et de mes ambitions pour ce grand projet d’éducation. Nous nous sommes séparés à Lomé et curieusement, nous n’avons pas échangé de contacts. Mais bon, il m’a fait signe sur X, puis sur whatsapp. Je n’ai plus aucune raison actuellement pour déranger Ange car j’envisageais lui écrire pour entrer demander les nouvelles de Moïse.

Extrait de mon échange avec Moïse sur X (ex-twitter). C: Badal Fohmoh

À côté de cela, il y a eu beaucoup de fous rires durant les interviews. Merci à tous ceux qui se sont prêtés au jeu. L’#AfricaFactsSummit2024 était une expérience extraordinaire, enrichissante sur tous les plans. C’était un plaisir d’y être, d’apprendre et de partager mes connaissances avec les fact-checkeurs venus de divers horizons. J’ai énormément aimé la beauté de la ville d’Accra, ses habitations, la bienveillance de ses habitants, sa boisson locale au malt et bien d’autres choses. Jusqu’à présent, je n’arrête pas de comparer ce que j’ai vu là-bas à ce que nous avons ici. J’ai mal en y pensant, ils sont tellement avancés… et nous, nous ne sommes même pas sortis de l’auberge.

Qu’à cela ne tienne, mon séjour ghanéen était magnifique. Je me suis achetée un bracelet le jour de mon retour à l’aéroport.

Et toi, as-tu déjà été à Accra ? Ou du moins, dans un autre pays de l’Afrique de l’Ouest ?

Raconte-moi ton expérience en commentaire…

Avec tout mon enthousiasme et ma reconnaissance, Badal !

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